La Mongolie : une destination hors du temps
Voici un article beaucoup plus long que d'habitude (1 mois à raconter en une seule fois) pour vous parler de notre passage en Mongolie. En espérant que les images vous plairont et vous donneront envie d'aller visiter ce pays qui est l'un des plus incroyables de notre voyage ! Le folklore qu'on nous montre à la télé, le mode de vie nomade, les yourtes ... on imaginait que cela concernait une minorité de gens et que c'était principalement destiné à plaire aux touristes. On s'est très vite rendus compte que tout était très authentique.
La Mongolie, c'est un pays qui a réussi son pari : celui de conserver ses traditions presque intactes tout en s'adaptant à notre époque. Aujourd'hui, les nomades sont tous équipés de panneaux solaires leur donnant accès à l'électricité. Ils ont la télé, des téléphones (qui servent rarement car ils n'ont jamais de réseau dans la steppe !), la radio. Et pourtant, leurs conditions de vie restent difficiles : le climat est extrême et la terre loin d'être fertile ! Les activités de la journées sont simples : entretenir le feu, cuisiner (du mouton matin, midi et soir !), s'occuper des enfants, traire et bouger le bétail à cheval. On a vraiment eu le sentiment qu'ils ne changeraient ce mode de vie pour rien au monde. Ils sont fiers de leurs coutumes et ont à coeur de les conserver.
On a trouvé que les mongols étaient des gens très intéressants. A la fois timides et drôles, ce sont de vrais rustres au coeur tendre. Ils n'ont pas toujours le sourire de prime abord, et peuvent être un peu "brusques" (une mamie a même donné un coup de balai sur la tête de Simon qui avait failli mettre le feu à notre yourte !). Mais une fois que la glace est brisée ils sont chaleureux et blagueurs.
Pendant notre périple, on a logé chez l'habitant dans des yourtes. Chaque fois, on était invités à boire le thé au lait (ou plutôt le lait au thé), à base de lait de yack, de chèvre ou de vache. On a dégusté les spécialités locales : la crème au lait de yack solidifié (à tremper dans le thé au lait), le lait de jument fermenté (qui n'est pas si terrible que ça finalement : ça n'a pas vraiment goût de lait mais plutôt d'alcool), la vodka faite maison (toujours à base de lait de yack sinon c'est pas drôle) ... Quant aux plats mongols, c'est assez simple : ils portent des noms différents mais sont toujours composés de viande de mouton, de pâtes et de pomme de terre. Pour tout vous avouer, ça a été assez dur (Papa, Maman, ce n'est pas la peine de nous préparer du mouton pour notre retour !). Mais on a vraiment constaté que les mongols adoraient leur cuisine. Plusieurs d'entre eux nous ont dit que le riz et les légumes que l'ont mangeait chez nous, ce n'était pas de la vraie nourriture ! Qu'il fallait manger de la viande bon sang (et de mouton de préférence) ! Sur le coup ça nous a bien fait rire mais avec le recul, on comprend : il fait tellement froid ici qu'ils ont besoin de manger des aliments riches pour pouvoir y faire face.
La vie des nomades n'est pas toujours facile : la yourte, ce n'est pas l'hôtel 4 étoiles ! Pas de toilettes (c'est grand la steppe), pas de douche ... L'hygiène mongole reste un mystère pour nous. Pour notre part, on a constaté que même après s'être lavés à l'eau de la rivière, on sentait toujours le mouton (Simon dormait avec une carcasse de ce charmant animal sous son lit dans la yourte, ça n'aidait pas ...).
Quand nous y étions, les nomades vivaient dans leur campement d'automne (voire d'hiver à l'Ouest du pays). Ils changent entre 4 et 5 fois par an de campement pour s'adapter aux saisons. Leurs yourtes sont le plus souvent blanches, mais peuvent également être grises ou même noires (selon les goûts de la famille qui y habite). Elles ne sont pas fermées sur le dessus, pour laisser passer le conduit de la cheminée. Quand il pleut, il pleut donc aussi dans la yourte !
Un matin alors qu'on se baladait autour du camp, une petite grand-mère nous a fait de grands signes : elle nous mimait le fait de manger. Pensant qu'elle nous invitait à prendre le petit-déjeuner, on la suit ... jusqu'à un troupeau de yacks. C'était l'heure de la traite, pas du petit-déj' ! Son efficacité nous a impressionné. En 1 heure, elle avait trait toutes les femelles du troupeau ! Elle nous a demandé d'essayer et s'est bien moquée de nous : on a été incapables de récupérer une seule goutte de lait (on est vraiment nuls ...). C'était beaucoup plus difficile que ça en avait l'air. On était tellement contents de partager ce moment avec elle. L'histoire se termine bien puisqu'on a finalement été invités à prendre le petit-déjeuner dans sa yourte (quand même !).
On a commencé notre séjour par quatre jours de trek à cheval dans la vallée de l'Orkhon, en Mongolie centrale. On a commencé près d'une jolie cascade située au milieu de la steppe. On y a rencontré nos deux guides mongols (Bagui et son beau-père Chara) et trois autres français avec qui on a passé ces 4 jours.
Les paysages étaient vraiment superbes en cette saison : les feuilles des arbres étaient orangées, l'herbe encore verte. Les cours d'eau, les montagnes, les forêts, tout ces éléments rendait le cadre tranquille et apaisant.
Les chevaux mongols sont plus petits que chez nous (ils ressemblent plutôt à des double-poneys) mais on a été surpris de voir à quel point ils étaient dociles et confortables. Heureusement pour nos fesses d'ailleurs, car les mongols adorent trotter !
Au cours de cette randonnée on a vu des paysages magnifiques bien sûr, mais on a aussi rencontré des gens adorables. Notre guide Bagui était trop drôle ! On a joué au Kem's (un jeu de cartes) avec lui, il nous a fait monter à cru (c'est-à-dire sans selle - et au trot en plus !), on a fait la course au galop dans la steppe, on a joué avec ses enfants ... On se souviendra longtemps des moments passés avec lui, c'est sûr !
Le soir dans la yourte, on a entendu des loups hurler plus loin dans la forêt ! Les chiens des nomades ont monté la garde en aboyant toute la nuit pour protéger le bétail. C'était quand même surréaliste quand on y repense. Le clou du spectacle : le dernier jour à notre réveil, il neigeait dans la yourte ! Il faisait si froid que la neige n'avait même pas le temps de fondre sur les chevaux qui étaient tous blancs. On a failli être bloqués au campement pour une nuit de plus, mais après quelques heures on a pu seller les chevaux et continuer notre route.
Quand on pense à la Mongolie, on pense aux chevaux et aux cavaliers mongols. On était donc vraiment heureux de pouvoir découvrir cet aspect de leur culture qui nous a beaucoup plu. C'était un sentiment de liberté indescriptible !
Après ces quelques jours dans la vallées de l'Orkhon, le changement a été radical : direction le désert de Gobi ! Cette région de Mongolie se visite généralement en 4x4 pour permettre de rallier les différents points d'intérêts. C'est un mode de voyage qui nous a moins plu : en 4 jours, on a parcouru 1250 km sur de la piste caillouteuse. Heureusement, les paysages nous ont offert une belle récompense, puisqu'ils étaient à couper le souffle.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le désert de Gobi est très varié. Plaines rocailleuses, parcs vallonés, dunes de sable, falaises de couleur ocre... Le paysage changeait au fil de la journée.
Autre surprise : le désert abrite de nombreux animaux différents. Des antilopes, chameaux, chevaux, scorpions, rapaces... on peut même y trouver des loups, des léopards des neiges et des ours !
Deux endroits nous ont particulièrement plu : le premier, c'est la vallée de l'aigle. Elle est aussi appelée vallée de la glace, mais malheureusement tout a complètement fondu en cette saison ! Malgré tout on a trouvé cet endroit magnifique (et il porte bien son nom puisqu'on a vu deux aigles venir y chasser).
On a aussi adoré les dunes de Khongor. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le désert de Gobi n'est pas un désert de sable (les dunes ne représentent que 2% de sa surface). Les dunes sont impressionnantes et peuvent mesurer jusqu'à 300 mètres de haut. Pour les grimper, on devait s'aider des mains et ça n'était pas une mince affaire : c'était deux pas en avant, un pas en arrière !
La particularité de ces dunes, c'est qu'elles "chantent" : en dévalant la pente, les couches de sable se frottent entre elles et font un bruit sourd accompagné de gros tremblements. On aurait dit un séisme sous nos pieds, c'était impressionnant !
On est très contents d'avoir pu passer quelques jours dans le désert de Gobi. C'est un endroit mythique qui nous a beaucoup surpris. Décidément, ce pays nous aura réservé beaucoup de surprises ! Alors qu'on venait tout juste de s'habituer aux mongols, à leur langue (très gutturale et difficile à prononcer) et à leurs traditions ... voilà qu'il a fallu tout recommencer à zéro ! Après notre périple dans le désert, nous avons fait 35 heures de bus pour atteindre Bayan-Olgii, une ville à l'extrémité Ouest du pays.
Alors qu'on se trouvait encore en Mongolie, on s'est retrouvés en terre kazakhe : les gens ici sont différents physiquement (certains ont les yeux très clairs), ils parlent une autre langue, et surtout ils sont extrêmement timides ! On était hébergés par notre guide Erlan. Ses beaux-parents et ses neveux sont venus lui rendre visite : c'était la première fois qu'ils voyaient des étrangers. Les adultes ne voulaient pas croiser notre regard et les enfants étaient à deux doigts de pleurer. Ca nous a fait tout drôle ! Mais après deux jours passés chez lui, la glace était brisée : les enfants jouaient dans nos sacs de couchage et les adultes nous adressaient des sourires. L'Ouest mongol est la région que l'on a préférée car on y a passé des moments incroyables. On a adoré les randonnées que l'on a faites avec Erlan dans les montagnes.
On a décidé de venir dans cette province reculée pour assister à un évènement très particulier : le festival de l'aigle ! Tous les ans au mois d'Octobre, les aigliers kazakhs viennent démontrer leur savoir-faire en matière de chasse à l'aigle. Ils portent leur tenue traditionnelle, un pantalon à motif avec un manteau et un chapeau en peau de bête (renard, mouton ou même loup !). Et attention ce n'est pas que du folklore ! Pour avoir passé une soirée dans un bar avec eux, c'est comme ça qu'ils s'habillent dans la vraie vie.
Aishol-pan était l'une des femmes participant au festival. C'est une véritable légende dans la région : elle a même récemment fait l'objet d'un film, "Eagle Huntress", qui retrace son histoire. Son père n'ayant pas pu avoir de fils, il a donc décidé de transmettre son savoir de chasseur à sa fille aînée. Elle s'est révélée douée et est devenue l'une des meilleures aiglières de la région, remportant la compétition en 2014.
Plusieurs épreuves, toutes plus impressionnantes les unes que les autres, ont eu lieu au cours de ce festival. Des courses de chameaux, du tir à l'arc, le "bouzkachi" (deux cavaliers essayent de s'arracher une chèvre fraîchement tuée... oui bon c'est vrai que dit comme ça ça peut paraître bizarre mais c'était très intéressant !).
Mais l'épreuve phare du festival, c'était bien sûr la chasse à l'aigle ! Les aigles des candidats étaient perchés en haut d'une colline. Les chasseurs se trouvaient en contrebas sur leur cheval. Ils traînaient derrière eux une fourrure de renard en guise d'appât. Chacun leur tour, ils appelaient alors leurs aigles : les points étaient alors comptabilisés en fonction de la distance entre le candidat et la colline (plus il était loin, plus c'était dur et donc plus il gagnait de points) et du temps que mettait l'aigle à venir le rejoindre.
A la fin des deux jours de festival, le vainqueur a été annoncé. Il a gagné la somme de 500 dollars ! Il méritait vraiment son titre car chacun de ses passages était impressionnant. Mais à peine quelques secondes après l'annonce du gagnant par le jury, on a vu plusieurs aigliers foncer sur les jurés en galopant avec leur cheval ! Une bagarre générale a alors éclaté, en contestation des résultats. Erlan, notre guide, nous explique que ça fait partie de la culture et de l'histoire de ce festival : en cas de mécontentement, les disputes sont fréquentes ! On a dû partir en courant pour éviter les projectiles, ça aura vraiment clôturé les festivités en fanfare !! Dès le lendemain, Erlan nous emmène chez l'un de ses amis qui participait au festival. Il s'appelle Kjin, et il a fini 3e cette année. Sur 107 candidats, c'est vraiment exceptionnel ! Lui et sa famille nous accueillent à bras ouverts dans leur maison typiquement kazakhe.
Kjin nous a ensuite emmené chasser à l'aigle dans les montagnes. C'était un moment vraiment inoubliable... Il nous a dit que si on attrapait un renard, il nous l'offrirait ! On a donc pris les chevaux et on a accompagné le chasseur. Il se postait à un endroit stratégique, en hauteur et avec une vue dégagée. Il faisait ensuite du bruit pour faire bouger les renards. Au bout d'un moment, l'aigle s'impatientait et poussait des petits cris ! Il voulait dire au chasseur qu'il n'y avait rien dans cette vallée et qu'on pouvait passer notre chemin.
Au cours de cette journée, on a vu un renard à deux reprises ! Malheureusement le vent était si fort que malgré tous ses efforts, l'aigle n'a pas réussi à plonger pour l'attraper. Ca a été une très grande frustration pour l'animal mais aussi pour le chasseur qui a passé sa soirée à ruminer.
On a encore vécu des moments incroyables chez les kazakhs qui ont pris le temps de nous faire découvrir leur culture, leur mode de vie, leur quotidien. On ne les remerciera jamais assez et on reviendra changés de ce voyage, c'est certain ! On ne peut pas tout vous raconter car ce serait bien trop long, mais on vous laisse regarder les images de la galerie si ça vous intéresse. La Mongolie, ça aura été la destination la plus dépaysante et la plus authentique de ce voyage. C'est (avec la Nouvelle-Zélande) un des seuls endroits dans lequel on aimerait revenir car on est tombés sous le charme de ce pays et de ses habitants. On a beaucoup pensé au Papa de Léa pendant le festival de l'aigle et on a hâte de le voir pour lui raconter plus de détails ! En tout cas on espère que vous allez bien et on vous dit à très bientôt, puisque le retour approche (plus qu'à traverser la Russie) ! A très vite, Léa & Simon Article publié le 10/10/2017.Quelques mots sur la Mongolie
Le mode de vie mongol
La vallée de l'Orkhon
Le désert de Gobi
L'Ouest mongol : à la découverte de la culture kazakhe
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